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L'empathie, cette arme redoutable



Face aux derniers événements d’Orlando, ainsi que ceux qui impactent les milliers de gens qui subissent tous les jours les conséquences dramatiques du besoin d’imposer sa vérité sur les autres; je me questionne sur la place du jugement dans ce qui nous rend violent dans ce monde. On parle beaucoup de liberté, de respect et de tolérance mais le nœud du problème n’est-il pas plutôt dans ce besoin parfois irrépressible de juger l’autre ? Car on peut tolérer quelque chose tout en le jugeant silencieusement.


Ne pas juger l’autre et ne pas se juger soi-même est un apprentissage empathique difficile. Cela veut dire se défaire de la compartimentation des individus qui nous permet un faux sentiment de nous situer par rapport aux autres, de savoir où est notre place dans les différentes catégories de personnes que composent notre entourage. Cela veut dire de faire le deuil des commérages qui nous valorisent tant et qui nous uni entre « comméras », mais au service de quoi ? L’entreprise est d’ailleurs un foyer où les séances « bitchages » sont une réalité destructrice dans les relations de travail.


Juger c’est finalement un acte très égocentriste que nous faisons vivre en nous pour nous sentir exister un peu plus, pour se rallier à quelque chose ou contre quelque chose. Juger c’est penser que nous détenons la vérité et que les autres sont dans le faux. C’est répandre notre vérité qu’elle soit bonne ou mauvaise. Et c’est méprendre l’autre et sa réalité. C’est confondre que ce que nous jugeons au final, c’est nous-mêmes. Juger c’est toucher à son propre mépris en fermant les yeux. C’est inconsciemment se comparer sans cesse pour se valoriser.



Ayant moi-même à appliquer le non-jugement et l'empathie dans mon métier, je peux attester de la puissance de connexion que cela permet et de l’indulgence que cela créé pour soi et pour l’autre. L’empathie et l’échange authentique peuvent seulement prendre place dans un espace d’ouverture et d’intention positive. Acceptez l’autre, et le comprendre comme un spectateur et non comme une partie prenante à ses actions ou ses propos, donne une toute autre perception aux situations qui nous mettent sur la défensive. Au fond c’est aussi une question de maturité, qui ne s’est pas déjà fait la réflexion d’avoir l’impression d’être dans une maternelle au sein de son entreprise ?



Malheureusement, un autre constat important est que le jugement de soi est souvent le plus violent. Que l’on se dise que l’on est trop nul, trop petit, trop gros, pas assez intelligent, drôle, beau ou pas assez tout court nous pousse vers le jugement des autres. Sans arriver au fanatisme que l’on connaît aujourd’hui il nous appartient d’être indulgent avec nous-mêmes afin de pouvoir l’être avec les autres. Le complexe d’infériorité est le monstre silencieux qui créé le besoin de supériorité nourrit par toujours plus de jugements. Or, dans l’empathie le jugement n’a plus de place, il s’apaise et s’éteint.



C’est lorsque nous avons perdu notre sens par la critique répétée que nous sommes fragiles de tomber dans des idéaux qui nous en donne un justement. Il est tellement plus confortable de vivre dans un but définit POUR NOUS plutôt que PAR NOUS, car l’éducation ne passe plus depuis longtemps par l’expression de nos envies, de nos émotions et de nos besoins. Et encore moins à quel sens, quelle contribution nous voulons donner à travers notre vie ? Au lieu de demander aux enfants qu’est-ce qu’ils veulent être plus tard, il serait intéressant de leur demander QUI ils veulent être ?



L’estime de nous est la clé de tout. L’éducation que nous donnons à nos enfants doit passer par la valorisation d’eux-mêmes afin qu’ils ne ressentent pas le besoin de juger à tout bout de champ. Procurer de l’estime à un enfant c’est lui permettre de trouver un sens à SA vie sans que personne ne s’en approprie plus tard. C'est livrer des adultes qui savent co-créer, collaborer et non résister, que ce soit en couple, dans l'entreprise ou avec leurs propres enfants. Nous devrions prendre conscience du poids de nos mots lorsque nous nous adressons à l’autre et à nous-mêmes. La critique répétée et l’imposition de nos propres besoins refoulés détériorent la connaissance de soi et donc l’estime de soi.



Je vous propose quelques conseils pour améliorer vos communications et exercer le non-jugement:


  • Exercer l’auto-empathie (inspiré de la Communication Non-Violente):


  1. Lorsque vous vous jugez ou que vous vous sentez jugez observez les FAITS qui amènent à ce jugement.

  2. Que RESSENTEZ-vous par rapport à ces faits ?

  3. Quel BESOINS chez vous n’est pas satisfait derrière ces sentiments ? De la sécurité, de la tranquillité, de la cohérence, de la compréhension…. ?

  4. Quelle DEMANDE pouvez-vous adresser pour satisfaire ce besoin ?

  5. Transformez votre demande en ACTION

  6. Appliquer ceci à celui qui vous juge en tournant le focus sur lui et son jugement.


  • Quand vous ne réagissez pas à la critique de l’autre par la défensive vous le désarmez. Prenez une respiration et prenez du recul.


  • Quand l’autre vous critique, gardez en tête qu’il ne vous parle que de lui. Vous êtes le facteur déclenchant et pas la CAUSE de son jugement. Il est simplement en réaction de ses propres besoins inassouvis. Le plus petit des jugements est en fait un appel à l’empathie.


  • Taisez le critique en vous et prenez du recul sur les faits observés et observables, et ne cédez pas à la généralisation du type « Tu es TOUJOURS en retard » vs. « Tu as été en retard trois fois ce mois-ci » Il y a une différence !


  • Créez votre propre place dans le monde en nourrissant votre estime de vous et en donnant un sens à votre vie. Et pas en vous comparant aux autres.


  • Acceptez les compliments et laissez-les vivre en vous au lieu de vous sentir gêner. Refusez-vous souvent les cadeaux qui vous viennent de bons cœurs ? Les compliments sont simplement des cadeaux verbaux…


  • Exprimer votre gratitude à ceux qui nourrissent votre estime de vous.

  • Arrêtez les commérages stériles, surtout en entreprise. Vous nourrissez un monstre qui aggrave les relations interpersonnelles. Cela divise au lieu de fédérer.


Enfin, le non-jugement par le pouvoir empathique est à la portée de tous. Il est peut-être notre plus grande arme vers un meilleur quotidien. Si chacun de nous l’exerçait nous contribuerions ensemble à désamorcer toutes les formes de violences physiques, émotionnelles et verbales.


« Aucun amour n’est suffisant pour combler le vide d’une personne qui ne s’aime pas elle-même. » Irène Orce.

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